Vizcab : illustration RE2020

La RE2020 : les points clés de la nouvelle réglementation environnementale et thermique

La première réglementation thermique datant de 1974 ambitionnait une réduction de 25% de la consommation énergétique des bâtiments par rapport aux anciennes normes datant des années 50, introduisant des mesures d’isolation et de régulation thermique.

Progressivement, avec les réglementations de 1982, 1988, 2000, et 2005, la France a renforcé ses exigences en matière d’efficacité énergétique, intégrant de nouveaux critères comme les coefficients G, B, et C pour mesurer les déperditions et besoins énergétiques, et créant des labels pour encourager les constructions économes en énergie.

La RT 2012 a marqué un tournant avec des objectifs plus ambitieux pour l’utilisation des énergies renouvelables, l’amélioration de l’isolation et d’étanchéité afin de réduire les pertes thermiques. Elle vient introduire certains des futurs indicateurs de la RE 2020 : le Bbio (besoin en énergie pour le chauffage), la Cep (consommation d’énergie totale) et la Tic (confort d’été).

Dans cette lignée, la RE2020, lancée après une phase d’expérimentation Énergie-Carbone E+C- en 2017, vise non seulement à réduire les consommations d’énergie primaire, mais aussi à limiter les émissions de GES sur le cycle de vie des bâtiments, préparant le secteur du bâtiment pour des constructions encore plus durables et économes en énergie.

Vizcab : L'évolution des réglementations thermiques en France

Les objectifs de la RE2020

L’objectif de la RE 2020 est de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) issues du bâtiment, en étudiant les impacts environnementaux des bâtiments neufs. Le calcul de ces impacts prend en compte toutes les étapes du cycle de vie. L’ambition est d’atteindre la neutralité carbone, comme définie par la Loi énergie-climat de 2018 et le Pacte vert pour l’Europe. En effet, l’Union européenne souhaite devenir le premier continent à atteindre cette neutralité climatique, ce qui passe nécessairement par la réduction des émissions de gaz à effet de serre produites par le secteur de la construction et du bâtiment. Voici les 3 priorités d’après le Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires :
  • Diminuer l’impact des bâtiments neufs sur le climat en prenant en compte l’ensemble des émissions du bâtiment sur son cycle de vie, et ce, dès la construction : les exigences relatives aux émissions de GES dues à la consommation d’énergie encouragent l’utilisation de solutions énergétiques à la fois plus efficaces et moins émettrices de carbone et les exigences concernant les émissions de GES liées aux matériaux de construction et aux équipements, tout au long de leur cycle de vie (60 à 90 % de l’empreinte carbone des bâtiments neufs provient des phases de construction et de démolition selon l’expérimentation E+C-).
  • Poursuivre l’amélioration de la performance énergétique et la baisse des consommations des bâtiments neufs : La réglementation évolue pour surpasser les anciennes normes, mettant l’accent sur l’amélioration de l’isolation pour tous les systèmes de chauffage, à travers le renforcement du critère de « besoin bioclimatique » (Bbio). La RE2020 continue de privilégier la réduction de la consommation énergétique. De plus, des critères plus stricts sont appliqués au besoin bioclimatique des bâtiments (Bbio), visant une réduction supplémentaire des besoins en chauffage (environ 30% par rapport à la RT 2012).
  • Garantir aux habitants que leur logement sera adapté aux conditions climatiques futures : Un nouvel objectif de confort en été est introduit pour assurer une meilleure résistance des bâtiments aux vagues de chaleur, qui deviennent plus fréquentes et sévères avec le changement climatique. Dans le contexte actuel de réchauffement global, les bâtiments doivent s’adapter à des températures croissantes et à des épisodes caniculaires plus réguliers. La RE2020 prend en compte le confort estival en adoptant un nouvel indicateur, le nombre de Degrés-Heures (DH) d’inconfort estival, visant à minimiser l’inconfort pendant les périodes de forte chaleur et à éviter l’utilisation systématique de la climatisation.

Les indicateurs associés à la RE 2020

Les Indicateurs Énergie de la réglementation thermique

Le Bbio

Le Bbio est un indicateur qui mesure le besoin en énergie d’un bâtiment visant à maintenir un confort thermique sans dépendre des systèmes énergétiques installés. Il est influencé par la conception architecturale et la qualité de l’enveloppe du bâtiment, incluant isolation, étanchéité et inertie. Avec la RE2020, ce besoin inclut systématiquement le refroidissement : représentant une réduction de 20 à 30% par rapport à la RT2012, ajustés selon divers facteurs comme la localisation et la surface.

Le Bbio souligne l’importance de l’efficacité énergétique intrinsèque du bâtiment, mettant en avant l’efficacité de son bâti à travers une bonne orientation, perméabilité à l’air, et isolation, indépendamment des équipements énergétiques. Cette approche favorise une sobriété énergétique durable du bâti, avec une espérance de vie bien supérieure à celle des équipements techniques.

La RE2020 apporte des ajustements au Bbio, en intégrant les besoins de refroidissement, modifiant la surface de référence et les données météorologiques pour refléter plus fidèlement les évolutions climatiques. Les seuils Bbio varient selon le type de bâtiment et sont modulés en fonction de critères géographiques et de conception, nécessitant une amélioration significative de la performance de l’enveloppe à travers une optimisation de la conception et une meilleure isolation, entre autres.

Cep et Cep nr

Dans la RE2020, le CEP mesure l’énergie primaire consommée par un bâtiment, couvrant une large palette d’usages énergivores. Le CEP est exprimé en kWhep/m²/an, et est ajusté selon plusieurs facteurs comme la localisation et la surface.

Le CEP,nr (Consommation d’Énergie Primaire Non-Renouvelable) se concentre uniquement sur la consommation d’énergie non-renouvelable, excluant les énergies renouvelables de son calcul. Cet indicateur, plus contraignant, vise à décourager l’utilisation des énergies fossiles et à promouvoir les énergies renouvelables.

Il représente un renforcement de 15 à 20% par rapport aux exigences de la RT 2012 et influence directement les choix de solutions énergétiques, en pénalisant notamment certains systèmes polluants.

Le CEP et le CEP,nr sont des outils clés de la RE2020 pour mesurer et limiter la consommation d’énergie des bâtiments, en favorisant une approche qui réduit la dépendance aux énergies fossiles tout en soutenant le confort moderne et la réduction de l’impact environnemental. Ces indicateurs soulignent l’importance de distinguer entre l’énergie primaire (source d’énergie) et l’énergie finale (énergie consommable).

IC Énergie

L’Ic énergie permet d’évaluer les émissions de CO2 de la consommation énergétique d’un bâtiment sur son cycle de vie de 50 ans. Par exemple, pour les maisons individuelles, un seuil maximal a été établi à 160 kg eq CO2/m² dès 2022, tandis que d’autres types de bâtiments suivent des seuils progressivement décroissants. Cet indicateur calcule l’impact des émissions de gaz à effet de serre liées à l’utilisation énergétique du bâtiment.

Introduit par la RE2020, l’Ic énergie encourage l’utilisation de sources d’énergie à faible émission de CO2, promouvant les pompes à chaleur, le chauffage au bois ou les réseaux de chaleur… Ce critère vise à influencer les décisions énergétiques en faveur de solutions plus respectueuses de l’environnement, avec des seuils d’émission de CO2 échelonnés pour encourager une transition progressive vers des énergies moins carbonées.

Vizcab : graphique YC énergie max moyen

Les Indicateurs Carbone de la réglementation thermique

IC Construction (indice carbone construction)

Il permet d’étudier l’impact de la construction d’un bâtiment en prenant en compte toutes les étapes de son cycle de vie sur une durée de 50 ans, de la production des matières premières à la fin de vie du bâti, en passant par le chantier et les remplacements de matériaux lors de rénovation. Tout comme l’IC Energie, il se calcule en kg eq CO2 / m².

Le résultat est donné par la somme des deux indicateurs suivants :

  • Ic chantier, soit l’impact du chantier (consommation des engins de chantiers, excavation et transport des terres, consommation d’eau et électricité de la base vie, composants temporaires)
  • Ic composants, soit l’impact des matériaux de construction, calculé à l’aide des données environnementales disponibles dans la base Inies, pour chaque produit et équipement du bâtiment.
 

Les seuils de l’IC construction seront abaissés au fil des années, démarrant avec des limites plus élevées en 2022 et visant une réduction significative d’ici 2031. Cette réduction est progressive pour laisser le temps à la filière de développer de nouvelles technologies permettant de minimiser l’empreinte carbone des matériaux.

Vizcab : graphique IC Construction max moyen
vizcab : bonne idée à retenir icone

À savoir

D’autres indicateurs informatifs comme IC Bâtiment, ICded et le stockC font leurs apparitions :

  • IC Bâtiment : Il définit l’impact dynamique sur le changement climatique du bâtiment avec 4 contributeurs clés : les composants, le chantier et les consommations d’énergie et d’eau.
  • IC ded : Il définit l’impact des données environnementales par défaut et forfaitaires utilisées dans l’évaluation du bâtiment. Son objectif est de pousser les industriels à publier les fiches environnementales (FDES) de leurs produits.
  • StockC : Il met en avant la quantité de kgC de carbone stocké dans le projet dû à l’utilisation de matériaux stockant du carbone (matériaux biosourcés, béton, etc..)

L’indicateur de confort d’été DH

L’indicateur Degrés-Heures (DH) évalue l’inconfort thermique estival dans un bâtiment en calculant la durée et l’intensité des périodes où la température intérieure dépasse un seuil de confort, défini à 26°C la nuit et ajusté entre 26 et 28°C le jour selon les conditions extérieures.

Deux seuils principaux sont définis : un seuil bas à 350 DH, sous lequel le bâtiment est jugé confortable, et un seuil haut à 1250 DH, indiquant un inconfort inacceptable. Entre ces seuils, une pénalisation liée aux besoins en rafraîchissement s’applique, affectant la consommation d’énergie primaire du bâtiment et incitant à l’amélioration de l’isolation ou à l’adoption de solutions passives pour améliorer le confort d’été.

Au lieu de privilégier la climatisation, qui augmente la consommation d’énergie et l’impact carbone, la RE2020 encourage l’utilisation de solutions passives ou actives plus économiques et écologiques pour maintenir les seuils de DH dans les limites acceptables, réduisant ainsi l’impact environnemental et les coûts énergétiques.

Les Indicateurs Carbone de la réglementation thermique

Entre la méthodologie E+C- et la RE 2020, la méthode de calcul des impacts évolue : alors que la première repose sur l’ACV statique, la seconde introduit l’ACV dynamique simplifiée. L’ACV dynamique apporte la pondération des impacts sur le réchauffement climatique en fonction du moment de l’émission. 

 

Pour faire simple, l’ACV dynamique simplifiée a pour ambition :

vizcab - icône couche d'ozone

Étudier la dégradation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère de manière réaliste.

Vizcab : "Icone terre"

De mieux caractériser la notion d’urgence climatique.

Vizcab : icone ACV

De prendre en compte l’incertitude des scénarios de fin de vie des matériaux.

L’étude environnementale d’un bâtiment est réalisée sur une période de 50 ans. Pour ce même bâtiment, un type précis de fenêtre est utilisé. Cette fenêtre a un impact A sur l’environnement.

Avec la méthodologie de l’expérimentation E+C- la méthode de calcul repose sur l’ACV statique : une fenêtre et celle qui la remplace 20 ans après affichent le même impact. Si chaque fenêtre a une durée de vie théorique de 20 ans, elle sera renouvelée 2,5 fois sur la période d’étude de l’ACV, soit 50 ans. Dans notre cas concret, l’impact pour une seule fenêtre à l’échelle du bâtiment est ainsi de 2,5xA avec la méthodologie d’ACV statique.

Avec la méthodologie dynamique de la RE 2020, l’impact de la fenêtre installée au début du chantier et l’impact de celle qui la remplace au bout de 20 ans n’est plus le même ! Le renouvellement de la fenêtre est pris en compte mais l’impact des fenêtres est pondéré dans le temps. Le gaz à effet de serre émis aujourd’hui pèse en effet plus lourd dans le calcul final que celui émis dans 20 ans.

👉  Finalement, l’ACV dynamique utilisée dans le calcul des impacts de la RE 2020 intègre la notion d’urgence climatique en pondérant les impacts en fonction du moment de leur émission, ce qui n’est pas le cas de l’ACV statique.

Vizcab : Icône calendrier

Le calendrier d’application et les bâtiments concernés

  • Depuis le 1ᵉʳ janvier 2022, la nouvelle réglementation environnementale est introduite pour les maisons individuelles et les logements collectifs.
  • Ensuite, en juillet 2022, ça a été au tour des bureaux et des bâtiments d’enseignement primaire et secondaire.
  • En janvier 2024, sur l’intégralité des bâtiments tertiaires.
  • En 2025 pour les bâtiments suivants : établissements d’accueil de la petite enfance, les médiathèques/bibliothèques, les hôtels, les restaurants, les bâtiments universitaires et les commerces.
  • Enfin, les réflexions sont toujours en cours pour les bâtiments de la santé, de l’industrie et de l’artisanat, des gymnases et vestiaires ainsi que les aérogares. (Source : la DHUP lors de la concertation sur les usages Commerces et Université du 5 mars).
 
 
D’autre part, une réduction des seuils environnementaux sera également opérée tous les trois ans afin de progressivement adapter les pratiques du secteur vers la neutralité carbone. Ic énergie et Ic construction verront leurs exigences évoluer dans le temps, avec toujours pour objectif de diminuer l’impact carbone des bâtiments neufs.

Les labels associés à la RE 2020

Un label RE 2020 va également voir le jour pour valoriser les projets, en accord avec la nouvelle réglementation environnementale et thermique, à l’instar du label E+C- en place pour les projets vertueux qui allaient au-delà des exigences de la RT 2012.

L’élaboration du cadre de référence commun devra aboutir en un référentiel public fin 2024.

Un contexte réglementaire en pleine construction

La RE 2020 s’inscrit dans un contexte réglementaire lié à une prise de conscience générale autour du développement durable . Au niveau européen, la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive et la Taxonomie verte ont fait leur entrées en vigueur depuis le 1er janvier 2024. Elles visent à renforcer la transparence des entreprises et à orienter les investissements vers des activités plus durables.

La CSRD établit des normes pour le reporting extra-financier, obligeant les entreprises à divulguer leurs impacts et pratiques en matière d’environnement, social, et gouvernance (ESG). Parallèlement, la Taxonomie Verte crée un système de classification pour identifier les activités économiques considérées comme durables, guidant ainsi les investissements vers une économie verte.

Ces deux initiatives partagent l’objectif commun de promouvoir le développement durable.

En France, la suite de la RE 2020 est en préparation : le CAP 2030. Des discussions autour d’une méthodologie pour le neuf et la rénovation sont en cours. Même si il n’est pas question de réglementation thermique et énergétique à l’instant T pour le CAP 2030, ces réflexions vont impacter le milieu de la construction dans les années à venir. À suivre…

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